Avec son équipe, il a étudié plus de 400 personnes pendant huit ans. Il a découvert que les «chanceux» ont en commun quatre caractéristiques principales qu'ils mettent en pratique sans même en être conscients.
D'abord, ceux qui se disent chanceux savent repérer
les occasions favorables. Par exemple, Wiseman et son équipe proposent un exercice simple : ils demandent aux gens de feuilleter un journal et de compter le nombre de photos.
Les chanceux repèrent tout de suite l'encadré dans lequel il est dit qu'il y a
45 photos. Les autres se focalisent sur le calcul des photos et ne voient rien.
Dans une variante de cet exercice, les chercheurs promettent 100 euros à ceux qui
compteront juste. Or un petit encadré dans le journal affirme: «Vous avez gagné
100 euros.» Ce sont généralement les mêmes sujets qui le remarquent.
Qu'est ce que cela prouve ? Que la chance est pour une bonne part le fruit de
notre attitude psychologique. Ceux qui ont de la chance sont ouverts - ouverts
aux expériences, ouverts aux autres - et entretiennent ce que Wiseman appelle le
«réseau de la chance».
Sans qu'ils en soient conscients, les gens chanceux
maximisent leurs possibilités en créant autour d'eux un tissu de relations. On
estime qu'en général nous connaissons 300 personnes. En cultivant ce réseau,
nous accroissons nos chances - de trouver le bon emploi, l'appartement idoine
ou encore l'âme soeur. Pour changer sa vie, une seule bonne rencontre
suffit.
Les 'chanceux' font confiance à leur intuition, ils
s'attendent à avoir de la veine et ils voient du positif même dans le négatif.
Par exemple, après un accident grave, on peut trouver qu'on a joué de malchance
ou au contraire qu'on a eu de la chance de s'en sortir. Warren Buffett, l'un
des hommes les plus riches de la planète, raconte que sa chance fut d'être
rejeté par la Harvard Business School. Grâce à cet échec, il a rencontré
l'homme qui allait devenir son mentor et l'aider à lancer sa carrière.
Parfois, un enfant naît au moment où deux ou trois
autres personnes de son entourage meurent. On dira que c'est un bébé qui porte
malheur et il sera élevé avec ce poids sur les épaules: cela colorera toute sa
vie. En laboratoire, Wiseman fait le test suivant : il donne à deux
personnes - un chanceux et un malchanceux - un casse-tête constitué de deux
pièces encastrées qu'il faut séparer. Or l'un des jeux ne peut pas s'ouvrir.
Résultat: 60% des «malchanceux» se plaignent d'avoir tiré le mauvais jeu, alors
que 30% seulement des «chanceux» le disent. 'Croire que l'on est malchanceux est
l'une des certitudes les plus redoutables dont on peut être affligé.'
Cette certitude affecte tous les aspects de la vie.
Les gens deviennent déprimés et défaitistes, donc malchanceux. A l'inverse,
quand ils réalisent qu'ils ont davantage de contrôle sur leur vie, qu'ils
regardent l'existence avec plus d'optimisme, une multitude de bonnes choses
leur arrivent. Quand les gens pensent avoir de la veine, les occasions se
présentent. C'est un cercle vertueux.